
Frank Thomsen - des cétacés et des sons
Nous discutons avec Frank, qui occupe le poste d'Expert scientifique au sein de notre équipe Environnement Eolien Offshore : il travaille dans la recherche marine et environnementale depuis plus de 30 ans. Ses domaines d'expertise comprennent la communication acoustique chez les cétacés et les dauphins, ainsi que l'étude des effets du bruit sous-marin sur les mammifères marins et les poissons.
Q : Bonjour Frank, c'est super de pouvoir échanger sur ton parcours. Quelles ont été tes activités récemment ?
Merci, je suis ravi de partager mon expérience ! Je reviens d'un séminaire que j'ai organisé à Cork, en Irlande, sur la modélisation écologique pour les parcs éoliens offshore. J'ai expliqué aux scientifiques, régulateurs et développeurs locaux comment les modèles de DHI permetent d'identifier les impacts de leurs projets, afin que des mesures de gestion puissent être anticipées et prises rapidement pour protéger la vie marine, sans pour autant stopper les projets prévus. J'ai également récemment publié un article sur le bruit et les poissons autour des pars éoliens offshore, avec mon ami et collègue Arthur Popper de l'Université du Maryland, aux États-Unis.
Q : Tu as obtenu ton diplôme en 1999 dans le nord de l'Allemagne et ton sujet de thèse portait sur le comportement acoustique des mammifères marins. Comment es-tu arrivé au Danemark et chez DHI ?
Après avoir obtenu mon diplôme, j'ai travaillé pour un cabinet de conseil environnemental dans ma ville natale de Hambourg. J'ai organisé et mené des enquêtes sur les impacts des navires et des avions sur les mammifères marins, et rédigé des rapports d'évaluation d'impact environnemental pour des projets de parcs éoliens offshore. Après quelques années, j'ai déménagé au Royaume-Uni pour devenir directeur de programme scientifique pour le Centre for Environment, Fisheries and Aquaculture Science (CEFAS). Là-bas, je me suis davantage concentré sur l'étude des effets du bruit d'origine humaine sur la vie marine. J'ai travaillé « au service de Sa Majesté » pendant quatre ans, mais j'ai ensuite reçu une offre de DHI. Je me suis donc replongé dans le secteur privé ! C'était il y a 12 ans.
Ce que j'apprécie chez DHI, c'est l'étendue des connaissances et le fait que nous soyons tous passionés. Ici, il n'y a pas de « routine » ! Je suis également reconnaissant pour la liberté que DHI m'accorde dans mon travail au quotidien. Et je vis à Frederiksberg, près du zoo : je peux donc entendre les loups, les éléphants et les lions de mer quand le vent souffle dans la bonne direction !
Q : Nous savons que tu as une affinité particulière avec les orques et que tu as même pagayé en kayak à leurs côtés dans les eaux canadiennes. Peux-tu nous dire en quoi ces mammifères marins te fascinent et ce qui t'a poussé dans cette aventure ?
Depuis ma plus tendre enfance, j'ai été fasciné par la nature et les animaux. J'ai grandi sur une île au milieu de l'Elbe, dans le nord de l'Allemagne, et le petit Franck adorait explorer la nature et les vastes espaces en plein air. Ensuite, une fois devenu étudiant, j'ai vu ma première orque dans le delphinarium du zoo de Hambourg. L'orque, une jeune femelle, vivait dans une petite piscine. Elle était incroyablement belle, avec ses tâches noires et blanches. Le dresseur voulait la faire passer dans la piscine de spectacle adjacente pour y faire son numéro. C'est alors que l'orque a pris une énorme gorgée d'eau et a arrosé le dresseur avec. Ça a été une révélation. C'est à ce moment précis que j'ai décidé que je ferai de la recherche sur les orques.
En tant qu'étudiant universitaire, j'ai pris quelques mois de congés pour voyager au Canada et travailler à Orcalab, une station de recherche sur l'île de Vancouver, qui étudie les orques sauvages. Pour ma thèse, j'ai étudié les sifflements des orques, des sons très faibles et aigus qu'elles utilisent le plus souvent lorsqu'elles jouent les unes avec les autres. J'ai passé deux mois seul dans la nature sauvage pour enregistrer ces sifflements. Le kayak était un excellent moyen de s'approcher de ces cétacés car il est silencieux et ne les dérange pas. Mais j'ai rapidement découvert qu'il était difficile de les suivre car elles sont très rapides dans l'eau. Pourtant, j'ai réussi à obtenir quelques beaux enregistrements et avec l'aide du Dr John Ford, qui étudiait les sons des orques à l'Aquarium de Vancouver depuis de nombreuses années, j'ai pu obtenir mon diplôme et terminer mon doctorat.
Q : Au long de tes 30 ans d'expérience de recherche, quelles découvertes t'ont marqué le plus ?
J'étudie toujours le même sujet, les cétacés et les sons, même après 30 ans d'expérience. Mais ma perspective a changé, je suis passé de la recherche fondamentale à la science appliquée visant à protéger les animaux.
Voici deux choses qui m'ont le plus impressionné. La première : nous avons découvert que les orques, qui ont par ailleurs des dialectes vocaux différents, partagent un ensemble de sons de sifflementts. C'est comme une deuxième langue qu'elles ont en commun et qui leur permet de parler ensemble. La seconde : le modèle intégré de DHI constitué de la modélisation hydrodynamique, la modélisation sonore et la modélisation individu-centrée que nous avons élaboré au cours des dix dernières années a vraiment contribué à une meilleure compréhension de la manière dont les parcs éoliens et d'autres sources humaines de bruits peuvent affecter les cétacés et les poissons. Et nous pouvons ainsi définir des solutions pour en réduire les impacts. C'est une activité de pointe que seul DHI propose.
Q : Peux-tu compléter cette phrase : « Si je n'étais pas expert scientifique travaillant sur la vie marine, je serais probablement... »
... le capitaine d'un bateau d'observation de cétacés sur l'île de Vancouver.
« Ce que j'apprécie chez DHI, c'est l'étendue des connaissances et le fait que nous soyons tous passionés. Ici, il n'y a pas de « routine » ! Je suis également reconnaissant pour la liberté que DHI m'accorde dans mon travail au quotidien. »
Frank Thomsen
Expert scientifique, Environnement Eolien Offshore